Il n'y a pas foule, ce jeudi matin, vers 11h, au casino de La Ciotat. "Mais ce sont de vrais joueurs", précise David Sebag, le directeur avisé de l'établissement. Ici, plusieurs salles se juxtaposent, mais avec une particularité unique : elles se trouvent à l'extérieur, sous des chapiteaux, que le soleil de ce début décembre encourage à explorer. Le casino porte bien son nom: Pleinair. "C'est le seul en Europe conçu de cette façon", soutient avec fierté le directeur, témoignant ainsi de l'originalité de cet espace de jeu qui aspire à créer une atmosphère conviviale et rafraîchissante, en harmonie avec la douceur du climat méditerranéen.
On y croise en effet des habitués fidèles. Comme Guillaume, Ciotaden de 27 ans, venu seul, et c'est justement ce qu'il ne ferait plus si les casinos se déclinaient légalement sur internet. "Je jouerais en ligne, c'est plus simple, ça évite de se déplacer," concède celui qui vient ici environ une fois par semaine. "Je continuerais, mais moins souvent, seulement avec des amis ou de la famille. À jouer seul, autant le faire chez moi. Pour les gens qui n'ont pas de casino à proximité ou ne peuvent pas faire le trajet, ce serait une bonne chose." Ses mots résonnent dans l'air, révélant un dilemme qui touche de nombreux joueurs : la quête du plaisir social face à la praticité du jeu à domicile.
"Quand je joue, je suis dans ma bulle"
Prenez l'exemple de Nunzia. Cette Italienne de 83 ans, résidente de Rome, a déjà exploré le monde du jeu sur internet, la pratique étant autorisée de l'autre côté des Alpes. Mais elle préfère indéniablement l'atmosphère authentique du casino. "Le casino," dit-elle avec un sourire nostalgique, "c'est une activité sociale, je joue avec mes amies." Sur la machine à sous voisine, Rose partage cet avis précieux : "Le petit-déjeuner et le goûter sont offerts, on est en sécurité et on côtoie du monde," glisse la Ciotadenne de 89 ans, sa voix douce et chaleureuse apportant une touche d'humanité au cœur de l'activité ludique. "Je crois que les habitués viendront toujours pour cela. Mais les plus jeunes, qui ont moins de temps et souhaitent jouer lors de leurs pauses, se tourneront vers internet, comme mon petit-fils qui le fait la nuit sur son téléphone." Son témoignage illustre une transition générationnelle, où le lien humain pourrait se voir remplacé par la commodité numérique.
De la génération précédente, Eric, 50 ans, ne partage pas forcément cet avis. "Moi, je ne joue pas en ligne," assure ce Marseillais, installé devant un jeu de cartes sur un écran. "Quand on joue de la maison, on n'a plus de limite, c'est en tout cas plus compliqué de s'en fixer. On devient vite accroc." Ses mots rangent un mystérieux écho dans l'esprit des joueurs présents, faisant réfléchir sur les conséquences d'une accessibilité trop grande au monde du jeu. La salle, baignées de lumières vives et de sonorités captivantes, devient alors un lieu de réflexion, où le bien-être des joueurs prime sur le simple divertissement.